Dans mon dernier article (que je vous invite à lire pour mieux comprendre la suite), j’expliquais comment le podcast était parvenu à s’ancrer dans nos quotidiens. Sa dimension intimiste en faisant l’un des arguments privilégié. Cette dimension intimiste naît, par ailleurs, du lien entre l’animateur·rice et les auditeur·rices de podcasts. Cette hypothèse est notamment vraie pour les podcasts d’interview. Mais comment expliquer cela ? Et quelle place accorder à la communauté des auditeur·rices de podcasts ?

Pour cet article, je me suis notamment appuyée sur les épisodes du podcast À Bientôt De Te Revoir de Sophie-Marie Larrouy produit par Binge Audio et ceux du podcast Génération Do It Yourself de Matthieu Stefani.

L’animateur·rice du podcast, un gage de proximité

Dans le sondage que j’ai réalisé dans le cadre de mon mémoire de fin d’études, 57% des répondant·es expriment préférer écouter des podcasts faisant entendre leur animateur·rice pour “la proximité que cela crée”, “le rythme que cela apporte à l’épisode” mais aussi parce que cela donne plus facilement la sensation “d’être dans une conversation partagée”. En outre, 63% des répondant·es affirment qu’une proximité s’établit au fil des épisodes. Le podcast est donc davantage une conversation qui permet d’intégrer invité·es, animateur·rices et auditeur·rices dans un moment d’intimité commun.

Infographie podcasts

D’ailleurs, les animateur·rices se prêtent au jeu de cette proximité avec leurs auditeur·rices en livrant des anecdotes personnelles et leur propre vécu. Par exemple, dans l’épisode 94 de À Bientôt De Te Revoir enregistré avec Driver, Sophie-Marie Larrouy commence d’ailleurs par expliquer “Déjà je veux dire aux À Bientôs que j’ai un gars”. Non seulement ses auditeur·rices sont ainsi regroupé·es sous un même nom, « les À Bientôs » mais en plus, iels sont automatiquement inclu·es dans son intimité et connaissent des faits très personnels. Iels sont presque considéré·es comme des ami·es à qui l’on pourrait se confier sur sa vie sentimentale et privée.

Les auditeur·rices de podcasts intégré·es à la conversation

Et les animateur·rices des différents podcasts font tout pour que l’auditeur·rice se sente complètement intégré·e à cette discussion. Si l’on reprend le générique d’introduction de Génération Do It Yourself par exemple, Matthieu Stefani déclare que “Nous sommes la moyenne des personnes que nous fréquentons.” et il nous propose de “rencontrer ensemble des entrepreneurs, sportifs ou artistes qui vont littéralement faire exploser notre moyenne.” Dès la promesse du podcast l’auditeur·rice est inclus·e. Ce n’est pas uniquement Matthieu Stefani qui rencontre toutes ces personnalités mais bien tou·tes les auditeur·rices qui écoutent Génération Do It Yourself. Intrinsèquement, derrière chaque épisode de podcast les auditeur·rices sont invité·es à participer à la conversation et ne sont jamais exclu·es de ce moment.

Dans À Bientôt De Te Revoir également, lorsque Sophie-Marie Larrouy commente une posture, une expression faciale ou une tenue de ses invité·es, elle s’empresse constamment de la décrire aussi à l’oral pour “l’audioguide”, comme elle aime à l’appeler. Et cela facilite la création d’un contexte d’intimité : l’auditeur·rice écoute un récit singulier qui se livre à lui.elle.

L’auditeur·rice comme troisième acteur·rice de chaque épisode

En reprenant l’exemple du podcast À Bientôt De Te Revoir, nous pouvons noter que chaque épisode est d’ailleurs enregistré avec un public présent à qui elle n’hésite pas à poser des questions pendant l’enregistrement. Jouant d’ailleurs sur cette relation privilégiée, Sophie-Marie Larrouy a d’ailleurs développé un vocabulaire propre à l’émission que les auditeur·rice·s connaissent bien : “cliqueter” pour applaudir avec les doigts, “broncher” pour râler, etc. Comme le fait d’ailleurs remarquer Marina Rollman dans l’épisode 98 d’À Bientôt De Te Revoir, Sophie-Marie Larrouy et ses auditeur·rices sont comme “une petite secte” qui a intégré certains codes.

La relation de proximité qui s’est construite au fil du temps ici, illustre bien qu’il existe un vrai moment de partage entre l’animateur·rice, l’invité·e et les auditeur·rices dans chaque épisode. À Bientôt De Te Revoir est finalement indissociable de Sophie-Marie Larrouy, son animatrice, mais aussi, d’une certaine façon, de son public qui est devenu une composante à part entière des différents épisodes. Plus que de simples auditeur·rices, iels peuvent parfois devenir le troisième acteur d’un podcast. Cette notion illustre parfaitement la célèbre citation de Montaigne que reprend Jean Abitbol dans son ouvrage Le Pouvoir de La Voix, “La parole est à moitié à celui qui parle, à moitié à celui qui l’écoute.”. L’auditeur·rice fait dont fait donc partie intégrante de chaque épisode.

Une proximité qui continue après les épisodes de podcast

Et cette proximité continue notamment sur les réseaux sociaux. Nombreux·ses sont les animateur·rices à être fortement présent·es sur Instagram — sur leur compte personnel comme sur celui de leur podcast — où iels échangent presque quotidiennement avec leurs auditeur·rices et les tiennent, entre autre, informé·es de la sortie des prochains épisodes. Le 28 juin 2021, Sophie-Marie Larrouy partageait notamment une publication de l’un·e de ses auditeur·rice compilant ses expressions favorites et incitant le reste de ses abonné·es à compléter la liste. Une véritable proximité se joue donc en dehors des épisodes de podcasts entre l’animateur·rice et ses auditeur·rices.

Au même titre que les nombreux·euses influenceur·euses des réseaux sociaux, les animateur·rices de podcast paraissent “accessibles”. Il est facile de voir d’autres pans de leur vie en images selon ce qu’ils veulent bien montrer, d’avoir la sensation de suivre leur quotidien, leurs vacances, les coulisses de leurs différentes émissions ou même de converser avec elleux. Les réseaux sociaux s’installent comme un moyen de prolonger cette relation hors antenne et de consolider cette sensation de relation privilégiée voire amicale avec l’animateur·rice. Cette relation communautaire et d’intimité entre l’hôte·sse du podcast et ses auditeur·rices prouve bien qu’une proximité s’est créée.

Ainsi, le podcast — et notamment son animateur·rice — parvient à recréer un moment d’intimité dans chacun de ses épisodes avec ses auditeur·rices. En décrivant constamment les faits et gestes des invité·es, en s’adressant directement aux auditeur·rices et parfois même en enregistrant avec un public, les animateur·rices des différents podcasts créent une relation de proximité avec leurs récepteur·rices. De fait, un véritable esprit de communauté se crée entre les différentes acteur·rices des podcasts.